Dieu existe : Dédié aux incrédules.

HISTOIRES pour l'Explication du Catéchisme à l'usage des Diocèses de France

Quatrième LEÇON: Dieu existe

Dédié aux incrédules.

 

Le philosophe Sintennis s'était imaginé que si l'homme ne recevait pas d'instruction religieuse, il n'aurait aucune idée de la Divinité et que, chose inouïe, il passerait sur la terre sans avoir idée d'un Dieu créateur.

 

Il se procure donc un bel enfant à peine sevré et qui, par conséquent, n'a jamais entendu parler de Dieu. Une fois en possession de l'objet de ses désirs, il l'isole de tout le monde, lui donne un palais, un jardin, de riantes prairies en dehors desquelles il ne pourra jamais mettre le pied. Il veille avec soin à ce que personne ne vienne lui parler de Dieu :

 

il proscrit toute statue, toute image, tout livre qui auraient pu éveiller cette idée en lui. En un mot, de sa maison de campagne il fit un désert. L'enfant n'a donc pour premier maître que la nature, Plus tard, le philosophe Sintennis se constitue précepteur et l'interprète de la nature. Cette éducation fut suivie pendant plusieurs années, sans aucun changement. A mesure que le jeune homme grandissait; son intelligence se développait; mais il n'avait jamais entendu parler de Dieu, ce qui faisait la joie de son maître.

 

« Bientôt, se disait-il à lui-même, je pourrai présenter à l'Académie de Paris un jeune homme qui n'a jamais songé qu'il y eût un Dieu. »


Un jour, de très grand matin, alors que l'aube commence à éclairer le ciel, le philosophe faisait une promenade solitaire dans les bois, lorsqu'il vit tout à coup l'enfant descendre au jardin.

 

« Où va-t-il avec tant d'empressement? Pourquoi sort-il à cette heure matinale? » se disait-il à lui-même.

 

Et, caché dans les arbres des bosquets, il le suit du regard, le voit monter sur un tertre qui dominait un bassin dans le cristal duquel se reflétaient toutes les splendeurs du soleil levant.

 

C'était l'heure du réveil des oiseaux, c'était le moment où, joyeux et battant des ailes, ils saluaient le retour de la lumière par leurs chants harmonieux. C'était le moment où les fleurs, parsemées de gouttelettes de rosée semblables à des perles, épanouissaient leurs corolles et exhalaient vers le ciel leurs plus doux parfums.

 

A genoux au milieu des fleurs avec lesquelles il rivalise de beauté, l'enfant mêle sa voix harmonieuse aux concerts des oiseaux et salue le soleil naissant.


« O soleil, que tu es beau! Il t'a fait splendide, le Créateur qui t'envoie vers le monde. O soleil, le vois-tu, le Créateur de toute chose? Si tu le vois, dis-lui que je l'aime bien et que je voudrais le connaître moi aussi. Si tu le vois, donne-lui de ma part un baiser sur son front éternel. »


Il se tait et portant sa main à ses lèvres, il lui envoie des baisers à porter à ce Dieu qu'il se sent chérir de tout son cœur.
Caché dans les arbres, Sintennis a tout entendu. Emu jusqu'aux larmes, tremblant de tous ses membres, il accourt vers le monticule, embrasse l'enfant avec transport et s'écrie :

 

« Qui t'a dit qu'il y avait au Ciel un Créateur? »


« Qui me l'a dit? répond l'enfant. Mais ce soleil que vous n'avez pu jeter là-haut, car vous êtes trop petit pour cela.

Qui me l'a dit? Mais ces plantes qui sortent de terre sans que votre doigt soit là pour les pousser dehors. Mais ce cœur, que ni vous ni moi ne faisons battre dans ma poitrine. »


L'enfant, en parlant, était beau de tous les rayons du soleil levant. Son visage était aussi brillant que ce cœur, d'où venaient de s'échapper l'idée et l'aspiration vers Dieu, était ardent et enflammé.

 

Le philosophe, à ce langage sublime, auquel il était loin de s'attendre, se mit à pleurer, se frappa le front de la main et s'écria :

 

« O incrédules, vous êtes des imposteurs! » (Cardinal Alimonda.)

 

 

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