Devoirs des enfants et des parents : La vieille éducation

HISTOIRES pour l'Explication du Catéchisme à l'usage des Diocèses de France

DEUXIÈME PARTIE

Les commandements à pratiquer


TRENTE-ET-UNIÈME LEÇON

Devoirs des enfants et des parents.

TRENTE-DEUXIÈME LEÇON

Devoirs envers la patrie

et l'ensemble des hommes.


La vieille éducation.

Nous empruntons les détails qui suivent a la notice nécrologique d'un vénérable ecclésiastique du diocèse de Saint-Dié. C'était une âme droite, énergique, tout au devoir, un caractère. Or, voici comment il fut formé dès l'enfance.

Disons d'abord qu'il avait reçu une éducation virile, quoique élevé par une femme. Aussi nous demandons la permission de vous présenter sa mère, restée veuve avec quatre petits enfants, Mesdames, pour vous apprendre comment se trempèrent les hommes de cette forte génération, dont nous ne sommes, hélas! que les petits-fils.

Un jour, me disait-il, nous avions été désobéissants, deux de mes frères et moi; ma mère attrape une verge et la brandit. Nous courbons l'échine, mais l'orage ne tombe pas. Nous la voyons jeter la verge en murmurant :

— Non, pas aujourd'hui, je suis en colère.

Le lendemain se passe sans encombre, nous nous frottions les mains, croyant tout oublié. Erreur profonde! Le troisième jour, nous étions encore au lit quand elle entre armée de la terrible verge, en disant :

— Hier, j'étais encore fâchée; mais aujourd'hui je ne le suis plus; aujourd'hui, je puis corriger avec fruit. Allons, en place!

Et nous eûmes notre fessée.

— Elle garda sur les hommes, ajoutait-il, l'autorité qu'elle avait prise sur les enfants. Vous allez voir à quel degré.

Un dimanche soir, mon frère aîné avait demandé la permission de sortir une heure avec des amis irréprochables, la mère refusa.

— C'est comme cela, dit-il avec humeur, je m'en irai! Mais il n'insista point et gagna son lit.

Le lendemain, à son réveil, il trouva, rangées sur la chaise, deux chemises et ses hardes.
Tiens, qu'est-ce que cela?

— Cela, c'est ton paquet. Va-t'en ailleurs, puisque tu n'es plus bien ici.

— Mais...
— Pas de mais!

C'était catégorique; il fit son paquet, tristement, et vint nous dire adieu. Nous allions lui faire la conduite :

— Restez ici, dit la mère; défense de l'accompagner même jusqu'à la porte.

Personne ne bougea, mais tout le monde avait le cœur gros.
Le soir, vers neuf heures, au moment de la prière, il rentra; mais on ne lui adressa aucune parole. Le lendemain matin également, on ne sembla pas prendre garde à sa présence. Nous voilà tous partis aux champs, le laissant seul près du foyer, la tête dans ses mains.
Le second jour, il se hasarda à dire, au moment où la mère distribuait à chacun sa tâche pour la journée :

Et moi, vous ne me commandez rien?

— Quand tu sauras obéir, on te commandera.

— Mère, je vous jure d'obéir!

— Toujours? Sans discuter?

— Sans discuter.

— Alors, va reprendre ta place.
Et il avait vingt-deux ans alors. A trente, il en eût été de même.
Comme nous trouvions que la mère avait été sévère, le vénérable aumônier reprit vivement :
Non, mon cher ami, j'y ai réfléchi bien des fois qu'aurait-elle fait, la pauvre femme, avec quatre gaillards comme nous, si elle avait été une mère d'aujourd'hui?

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