Le Saint-Esprit : Le « Veni Creator » et le Dialogue des carmélites

HISTOIRES pour l'Explication du Catéchisme à l'usage des Diocèses de France

DIX-SEPTIÈME LEÇON
 
L'Ascension.
 
DIX-HUITIÈME LEÇON
 
Le Saint-Esprit.

 


Le « Veni Creator » et le Dialogue des carmélites

 



Le Veni Creator est une hymne liturgique par laquelle nous invoquons le Saint-Esprit dans les grandes circonstances de la vie. Il fut chanté par les seize Carmélites de Compiègne, condamnées à mort par le tribunal révolutionnaire, guillotinées sur la place du Trône (place de la Nation), et maintenant proclamées Bienheureuses par le Souverain Pontife.


A la place de la Nation, les Carmélites descendent des charrettes qui les ont amenées sur le lieu du supplice. Réunies autour de leur prieure, elles entonnent le Veni Creator ; puis, sans hâte et sans trouble, elles renouvellent leurs promesses baptismales et leurs vœux de religion. Elles imposent à la foule, et le bourreau attend silencieusement qu'elles soient prêtes à mourir.

 

Debout au pied de l'échafaud, la Mère Thérèse de Saint-Augustin, qui avait obtenu de passer la dernière, vit devant elle, tour à tour, ses filles s'agenouiller pour recevoir de ses lèvres une dernière bénédiction. La première fut la novice, âgée de vingt-huit ans, la « benjamine » de la communauté ; elle monta le sanglant escalier d'un pas léger en chantant le Laudaté Dominum omnes gentes ; quinze voix répondirent à la sienne.

 

Leur sanglante et sublime théorie se déroule. Une à une elles s'avancent, s'inclinent et montent. Elles soutiendront le court passage par le Veni Creator. La Mère Euphrasie, la Mère Henriette jettent toute l'ardeur de leur âme :

 

Tu septiformis munere.


Sermone ditans guttura.

 


La vieille Mère de Jésus Crucifié, la Mère de la Résurrection ont hâté leurs pas vacillants :

 

Infirma nostri corporis
Virtute firmans perpeti,

 

La prieure proclame jusqu'au bout cette foi immortelle pour laquelle elles succombent ; peu a peu le ton décroît, et le dernier verset s'éteint sur la dernière lèvre, tranchée brusquement par le sifflement du couperet :

 

Credamus omni tempore.

 

Jamais le bourreau ne s'était senti si las.


Un grand silence enveloppait la scène héroïque. Les furies de la guillotine oubliaient d'applaudir et les tambours n'avaient point battu...

 

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