Les biens temporels du prochain : Restitution

HISTOIRES pour l'Explication du Catéchisme à l'usage des Diocèses de France

DEUXIÈME PARTIE

Les commandements à pratiquer

TRENTE-CINQUIÈME LEÇON

Les biens temporels du prochain.

Restitution.

Un ouvrier maçon se rendit un jour chez un boulanger de Nérac pour régler avec lui un compte de fournitures réciproques. Tous comptes faits, le boulanger redevait au maçon une somme de vingt francs : pour l'acquitter il lui remit un rouleau de pièces.

« Le compte y est-il? demanda le maçon.

— Oui, dit le boulanger, j'ai fait le rouleau moi-même.

— C'est bien, je crois. »

Rentré chez lui, le maçon allait commencer son diner, lorsque sa femme lui demanda :

« As-tu vérifié ton rouleau?

— Non, dit le mari, on m'a assuré que la somme y était.

— C'est égal, vérifie quand même. »

Accédant à ce désir de sa femme, le maçon ouvre le rouleau et que voit-il? Dix-huit belles pièces de vingt francs au lieu de vingt pièces de vingt sous. A la vue de cette erreur, il quitte son dîner, et part immédiatement pour Nérac, distant de sept kilomètres de son domicile. Arrivé chez le boulanger, qui fut fort surpris de ce retour subit, il lui dit :

« Nous nous sommes trompés, il y a erreur dans le rouleau; vous ne m'avez donné que quinze francs.

— C'est possible, dit le boulanger; mais, comme je vous connais pour un honnête homme, je n'ai pas le moindre doute et je vais vous donner les cinq francs qui vous manquent.

— Non, dit le maçon, ce n'est pas cela, voilà votre rouleau, ouvrez-le et à sa place donnez-moi vingt francs. »

Vous devez juger de la stupeur du boulanger, stupeur qui se changea bientôt en vifs remerciements, et il invita le maçon à dîner. « Non, dit celui-ci, j'avais commencé de manger ma soupe, je vais la finir, ma femme m'attend. »