Le Christ consacre Lui-même la chapelle Notre Dame des Ermites à Einsiedeln (d'après les Bollandistes)

Nous avions déjà rapporté ce fait mais la providence nous a conduit à un nouveau récit de l'histoire dans les petits Bollandistes.

Le fait est également rapporté sur le site de l'abbaye d'Einsiedeln fondée en 934 à l’endroit même du martyre de l’ermite bénédictin Saint Meinrad (vers 800 + 21 janvier 861).

Voici donc ce que rapportent les Bollandistes:

La consécration dont nous avons parlé eut lieu en 948. Lorsque Eberhard eut construit l'église et le monastère de Meinradzelle (cloître de Meinrad), il pria Conrad, évêque de Constance, de venir consacrer l'église nouvelle et la chapelle.


L'évêque arriva accompagné d'Ulric, évêque d'Augsbourg, et d'un grand nombre de gentilshommes et de pèlerins. C'était le 14 septembre, jour de l'Exaltation de la Sainte-Croix. Dès minuit de ce jour, Conrad et les religieux du monastère étaient en prières pour l'office nocturne. Pendant qu'il était plongé dans ses saintes méditations, le pontife entendit tout à coup des voix harmonieuses remplissant la nef de leur douce mélodie. Il leva les yeux et aperçut un chœur d'Anges ; il remarqua qu'ils chantaient précisément des hymnes prescrites par l'Église pour les fêtes et les consécrations solennelles. Jésus-Christ, divin Pontife de la nouvelle alliance, revêtu d'ornements violets, célébrait à l'autel l'office dédicatoire. Autour de lui on voyait saint Pierre, saint Grégoire, saint Augustin, saint Étienne et saint Laurent. En face de l'autel, sur un trône éclatant de lumière, était assise l'auguste Reine du ciel. Le chœur d'Anges, continuant ses chants, modifia ainsi le texte du Sanctus : « O Dieu ! Dont la sainteté se révèle dans le sanctuaire de la glorieuse Vierge Marie, ayez pitié de nous. Béni soit le Fils de Marie, qui descend ici, lui qui règne dans les siècles éternels ». À l'Agnus Dei, les voix répétèrent trois fois : « Agneau de Dieu, ayez pitié des vivants qui croient en vous, ayez pitié de nous. Agneau de Dieu, ayez pitié des fidèles trépassés qui reposent dans la sainte espérance, ayez pitié de nous. Agneau de Dieu, donnez la paix aux vivants et aux morts qui règnent avec vous dans l'éternité bienheureuse, donnez-nous la paix ». À ces paroles : Que le Seigneur soit avec vous (Dominus vobiscum), les Anges répondirent : « Le Seigneur est porté sur les ailes des Séraphins, il pénètre les profondeurs des abîmes ».


Cependant les heures s'écoulaient, le moment fixé pour la consécration était passé depuis longtemps, les prêtres, les religieux, les pèlerins, une multitude de gens accourus pour cette circonstance, attendaient avec impatience et se demandaient pourquoi un si long retard. L'évêque Conrad priait toujours à la même place, perdu dans une religieuse extase. Enfin on alla l'avertir et on entendit alors de sa bouche le récit de ce qu'il avait vu. On crut d'abord qu'il était sous l'illusion d'un songe et on le pressa de commencer les cérémonies de la consécration. Mais à peine était-on rangé au pied de l'autel qu'on entendit résonner sous la voûte une voix mystérieuse qui répéta par trois fois : « Cessez, mon frère, cessez : la chapelle a été consacrée divinement ». Tous les assistants se prosternèrent le front contre terre, et on reconnut que la vision du saint évêque était bien réelle et que la sainte chapelle était bénie, consacrée, sanctifiée par Jésus-Christ, assisté de ses Saints et de ses Anges.


Conrad, témoin oculaire de l'intervention miraculeuse du ciel, et bien digne de foi dans son affirmation, a rendu compte dans divers écrits de tout ce qui s'était passé. Les calendriers d'Einsiedeln, remontant à l'époque la plus reculée, indiquent tous pour le 14 septembre la fête de la Consécration miraculeuse, célébrée chaque année avec grande pompe en souvenir de la première consécration. Le peuple a conservé à cette fête le nom de Engelweihe « Consécration angélique ».


Seize ans après, Conrad, Ulric et beaucoup d'autres princes et évêques, ayant accompagné l'empereur dans un voyage à Rome, rendirent, en présence de l'empereur Othon et de son épouse Adélaïde, un témoignage solennel au pape Léon VIII de l'événement miraculeux dont ils avaient été témoins. Ils ajoutèrent à leur déposition une attestation par écrit que le souverain Pontife inséra dans la bulle de confirmation. Cette bulle commence ainsi : « Nous, Léon, etc., faisons savoir à tous les fidèles présents et à venir, enfants de la sainte Église, que notre vénéré frère Conrad, évêque de Constance, nous a attesté en présence de notre cher fils l'empereur Othon, de son épouse Adélaïde et de plusieurs autres princes, qu'il était allé, l'an de Notre-Seigneur Jésus-Christ 948, le 14 septembre, en un lieu appelé l'Ermitage de Meinrad, pour y consacrer une église en l'honneur de l'incomparable Mère de Dieu, toujours Vierge... » Puis vient le récit de tout ce que nous avons rapporté. Le pape défend ensuite à tout évêque de renouveler jamais la consécration de la chapelle.
Cette confirmation authentique a été approuvée par les souverains Pontifes qui se sont succédés depuis Léon VIII jusqu'à Pie VI.


Les ecclésiastiques et les pèlerins qui avaient été témoins de la consécration angélique, de retour dans leur pays, racontèrent ce qu'ils avaient vu et entendu. C'est ainsi que dans les contrées les plus lointaines on eut connaissance du miracle ; aussi la foule des pèlerins alla-t-elle en augmentant, et les grâces nombreuses qu'on obtenait dans le sanctuaire vénéré furent une preuve nouvelle que le Seigneur avait abaissé son regard de bénédiction sur l'Ermitage de Meinrad.

 

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