A la sainte Messe, Jésus-Christ renouvelle son Incarnation

La sainte Messe

Par le Père Martin de Cochem, des frères mineurs capucins

Cet ouvrage fourmille d'histoires sur la messe plus belles les unes que les autres. Nous nous proposons ici d'en reproduire certaines. et aujourd'hui:

CHAPITRE IV A la sainte Messe, Jésus-Christ renouvelle son Incarnation


Il est rapporté, dans la chronique des Frères Mineurs, que le Bienheureux Jean de l'Alverne offrait le divin Sacrifice avec une grande ferveur et y ressentait souvent de telles douceurs spirituelles qu'il en était comme accablé. Le jour de l'Assomption de la sainte Vierge, il devait officier solennellement ; mais, à peine à l'autel, il éprouva des transports intérieurs si vifs qu'il craignit de ne pouvoir aller jusqu'au bout. Son appréhension se réalisa. Arrivé à la Consécration, et considérant l'amour immense qui, de toute éternité, avait pressé Jésus-Christ de descendre du Ciel pour revêtir la nature humaine, et qui l'avait décidé à renouveler sans cesse cette Incarnation à la sainte Messe, le Bienheureux sentit son cœur se fondre, et la force lui manqua pour prononcer les paroles sacramentelles.

Il dit enfin : « Hoc est... Hoc est enim... » sans parvenir à achever. Le Père Gardien et un autre religieux, l'ayant remarqué, s'élancèrent auprès de lui pour l'aider.

Les assistants se tourmentaient à la pensée qu'un accident était arrivé au Père. Celui-ci finit cependant par prononcer les deux derniers mots : « Corpus meum ». Aussitôt, il vit l'Hostie se changer en un petit enfant dans lequel il reconnut l'Enfant Jésus. Le Sauveur lui dévoila la profonde humilité qui l'a poussé à se faire homme et à renouveler à la Messe son Incarnation. Cette révélation anéantissant ses forces, le religieux tomba à terre, privé de sentiment. Mais le Gardien et l'autre Père, qui se tenaient près de lui, le soutinrent pendant que les femmes lui faisaient respirer des sels. On le rappela ainsi à la vie. Bien qu'il restât épuisé au point de ne pouvoir ni remuer les membres ni lever les mains pour faire le signe de la Croix, il acheva cependant le saint Sacrifice, assisté de son supérieur. Immédiatement après, il perdit connaissance une seconde fois, et on dut le porter à la sacristie. Il avait toute l'apparence d'un cadavre, son corps était glacé, ses doigts si contractés qu'on ne pouvait les étendre. Il demeura en cet état pendant plusieurs heures ; on le pleurait déjà comme mort. Lorsqu'il revint à lui, on le pria, pour l'amour de Dieu, de dire ce qui lui était arrivé et ce qu'il avait vu dans son extase. Il céda aux instances répétées des fidèles.

Au moment de la Consécration, dit-il, j'ai réfléchi à l'amour immense qui a poussé Notre-Seigneur à se faire homme et à renouveler son Incarnation à chaque Messe ; alors mon cœur est devenu comme une cire chaude et ma chair m'a semblé comme privée d'os. Je ne pouvais ni me soutenir ni prononcer les paroles sacramentelles. Quand je les eus dites enfin, au prix des plus grands efforts, je vis entre mes mains, à la place de la sainte Hostie, le doux Enfant Jésus, dont un seul regard me transperça jusqu'au fond de l'âme et ôta à mon corps la force qui lui restait. Je tombai évanoui, mais je demeurai enflammé d'amour pour cet Enfant divin. Le Bienheureux Jean ajouta encore maints détails sur les impressions qu'il avait ressenties durant ce ravissement, et il exposa aux âmes pieuses l'amour infini que Jésus nous témoigne au saint Sacrifice.

Beaucoup de saints personnages ont éprouvé les mêmes consolations que Jean de l'Alverne. Vous en ressentiriez vous-même d'ineffables, si vous aviez la pieuse coutume d'assister à la Messe.

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