le Christ célèbre la messe

La sainte Messe

Par le Père Martin de Cochem, des frères mineurs capucins

Cet ouvrage fourmille d'histoires sur la messe plus belles les unes que les autres. Nous nous proposons ici d'en reproduire certaines. et aujourd'hui:

CHAPITRE II : De l'Excellence de la sainte Messe.

§. 4. DU PRÉCIEUX DON OFFERT A LA SAINTE MESSE

La Messe quotidienne est l'arme de la grâce, la force de la miséricorde, et Dieu ne peut rien refuser à ceux qui l'entendent avec ferveur. Remercions Jésus, du fond du cœur, d'avoir institué pour nous, misérables, ce sacrifice tout-puissant ; remercions-le de nous avoir donné un moyen si assuré d'attirer les divines miséricordes.


Nous rapporterons ici, à l'honneur de la sainte Messe, comment Jésus-Christ, lors de la consécration de la chapelle d'Einsiedeln, célébra lui-même avec la plus grande solennité. Quatre-vingt ans après la mort de saint Meinrad, un pieux ermite de famille princière, Eberhard, alla demander à Conrad, évêque de Constance, de vouloir bien consacrer la chapelle du Saint. Or, dans la nuit qui précéda la cérémonie, Conrad, voulant aller à l’église pour prier, entendit le chœur des esprits célestes qui chantaient les antiennes et les répons de la consécration. Il entra, vit des Anges en grand nombre, et Notre-Seigneur revêtu des ornements épiscopaux faisant lui-même fonction d'officiant. La stupeur le rendit immobile, mais il regarda attentivement. Jésus employait les paroles et les rites prescrits aux évêques par le pontifical en cette circonstance. Les quatre Évangélistes se tenaient continuellement derrière lui, lui ôtant et lui remettant la mitre. Les Anges, rangés en cercle autour de l'autel, encensaient avec des encensoirs d'or ; saint Pierre, près de son Maître, tenait la crosse ; debout à ses côtés, saint Georges portait l'aspersoir ; saint Augustin et saint Ambroise servaient au Sauveur de prélats assistants ; saint Étienne avait la boîte du saint chrême ; saint Laurent, celle des saintes huiles ; saint Michel remplissait l'office de maître de chapelle, et les anges chantaient les versets, les répons et les psaumes. La Mère de Dieu, à qui l'autel et la chapelle étaient dédiés, apparaissait plus brillante que le soleil, plus lumineuse que l’éclair.
La consécration terminée, le Christ prit une chasuble, monta à l'autel et commença la Messe solennelle. Saint Étienne chanta l’épître, saint Laurent l'évangile, et les Anges faisaient entendre de suaves cantiques. Voici comment ils chantèrent le Sanctus et l’Agnus Dei : Saint, saint est le Seigneur. Dieu saint, ayez pitié de nous dans cette église consacrée à la Vierge. Le Ciel et la terre sont remplis de votre splendeur. Hosanna ! Que glorifié soit le Fils de Marie, dont le règne est éternel, et qui est venu au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des Cieux ! Agneau de Dieu, qui prenez sur vous les péchés du monde, ayez pitié des vivants qui croient en vous ! Agneau de Dieu, qui prenez sur vous les péchés du monde, ayez pitié des morts et donnez-leur le repos ! Agneau de Dieu, qui prenez sur vous les péchés du monde, accordez dans votre règne bienheureux la paix aux vivants et aux morts ! Au Dominus vobiscum, ils répondaient : Qui est assis au-dessus des Chérubins et qui plonge son regard dans l'abîme.
La Messe achevée, la Cour céleste disparut, et saint Conrad, plein de joie et de consolation, demeura seul. Il reconnut sur les cendres qui recouvraient le sol de la chapelle consacrée, l'empreinte des pieds de Notre-Seigneur, et sur le mur la trace des onctions. Au matin suivant, les assistants voulaient qu'il consacrât l'oratoire. Je ne puis le faire, répondit-il, le Ciel y a déjà pourvu. On le força quand même à commencer la cérémonie. Alors, une voix céleste, distinctement entendue de tous, cria par trois fois ; Arrête, mon frère, Dieu lui-même a consacré cette chapelle. Il renonça à faire la dédicace, et envoya à Rome la relation de ce fait merveilleux [Cette consécration eut lieu le 14 septembre 948. Elle est relatée par l'évêque saint Conrad lui-même dans son livre De Secretis.].
Ce qui est raconté par saint Conrad et la reproduction de ce qui se passa le Jeudi Saint à l'institution du Sacrifice non sanglant. Là, le Christ a dit la Messe dans sa partie essentielle, absolument comme nous l'entendons de nos jours. Si nous nous fussions trouvés à l’une ou à l'autre de ces deux cérémonies, quelle joie, quelle consolation n'aurions-nous pas éprouvée ! Que ce récit augmente au moins notre zèle et notre dévotion envers la sainte Messe.

 

 

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