27 Juin 2011
En Pologne, c'est une humble servante nommée Aniela Salawa qui, dans les mois précédant sa mort, le 12 mars 1922, reçoit de son ange gardien d'ultimes consolations. Depuis son adolescence, elle
travaille dur, partageant avec plus pauvre qu'elle ce qu'elle gagne. A cause de la guerre, puis de sa santé chancelante, elle a perdu son emploi, ne survit que grâce à de petits boulots et à la
générosité des quelques amis qui lui restent : sa piété, les manifestations insolites qui parfois l'accompagnent, l'ont fait traiter plus d'une fois de simulatrice, ses extases sont qualifiées
d'hystérie. Pourtant, tous ceux qui l'ont connue louent sans réserve sa droiture, sa discrétion et son inépuisable bonté. A présent qu'elle dispose d'un peu plus de temps à elle, que beaucoup de
ses proches l'ont abandonnée, elle aimerait s'adonner encore plus, s'il est possible, à l'adoration eucharistique et à la contemplation de la Passion de Jésus. Les cinq ou six heures de prière
d'affilée qu'elle pouvait donner à Dieu le dimanche et les jours de congé lui paraissent peu de chose. Elle brûle d'offrir davantage au Seigneur, mais ce n'est pas toujours facile, à cause de la
tuberculose qui la mine, la tenant au lit des journées entières, et des quelques travaux qu'elle parvient encore à effectuer et qui dévorent les heures où elle se sent mieux.
Le soir du 15 juin 1921, elle a quelques minutes devant elle, avant que l'église Saint Nicolas ne ferme. La nuit tombe sur Cracovie. Comme elle arrive à l'église, la sacristine s'apprête à en
fermer la porte :
J'ai vu Aniela qui, depuis une demi-heure déjà se traînait le long de la rue Radziwill. Je me sentis contrariée en voyant qu'elle venait à l'église précisément à l'instant où
j'allais la fermer. Je la fixai durement, pour lui faire comprendre que je m'apprêtais à fermer l'église. Mais Aniela ne parut pas s'en rendre compte. (289)
Comme Aniela entre dans le sanctuaire, la sacristine lui demande de ne pas s'attarder. La pauvre malade va en silence s'agenouiller à une place discrète, dans la chapelle de Sainte Anne. Quant à
la sacristine, elle se poste à la porte d'entrée, priant Dieu que l'oraison ne se prolonge pas trop. Finalement, impatiente, elle va fermer la porte de la sacristie, en agitant bien les clefs,
puis va vers l'endroit où se trouve Aniela : plus personne. Elle court à la porte d'entrée de l'église. Personne sur le parvis, ni dans la longue rue Radziwill : « J'ai fait au moins vingt fois
le tour de l'église. Il me semblait qu'il y avait quelqu'un, mais je ne pouvais voir personne » (290). Finalement bien assurée qu'Aniela n'est plus dans l'église, la sacristine ferme la porte et
rentre chez elle :
Le lendemain matin, j'ouvris l'église et observai s'il s'y trouvait quelqu'un. Il n'y avait personne. Je mis cinq minutes à en faire le tour et à ouvrir la porte de la
sacristie, revenue dans le sanctuaire, je vis Aniela agenouillée devant le très Saint Sacrement, près de la statue de saint Joseph. Elle était toute radieuse et semblait privée de sens. Je me
demandai alors par où elle était entrée, car, en ouvrant la porte de l'église, je ne l'avais vue ni dans la rue ni aux abords du sanctuaire. Et pensez que, chaque fois que je la voyais, elle
marchait lentement, se traînant en s'appuyant aux murs. (291)
Aniela a relaté elle-même dans son Journal – écrit par obéissance à son directeur spirituel - ce qui s'est passé cette nuit : pour lui permettre de rester aussi longtemps qu'elle le souhaitait
devant le Saint Sacrement, vers lequel il l'exhortait fréquemment à se tourner, et qu'il l'encourageait à visiter fréquemment, son ange gardien l'avait rendue invisible, tout simplement ! Aniela
Salawa a été béatifiée en 1991.
source: http://www.spiritualite-chretienne.com/anges/ange-gardien/ref-17.html